Rencontre Lycéens Doctorants, vendredi 4 octobre 2024, La Turbine
Vendredi 4 octobre 2024, 46 élèves de 1ière et Terminale Générale du Lycée Louis Lachenal d’Argonay se sont rendus à La Turbine de Cran Gevrier, accompagnés par trois de leurs professeurs de Mathématiques et d’une maman d’élève, à la rencontre de jeunes doctorants, dans le cadre de la fête de la science 2024.
Cinq doctorants étaient présents, exerçant dans des domaines variés tels que la géographie, le droit, l'archéologie, la géologie, l'histoire de l'art et les sciences de l'ingénieur; reliés par le thème de la fête de la Science 2024 : Océan de savoirs.
L’objectif pour nos jeunes était de s’informer sur ce métier : un doctorant est un étudiant diplômé d’un niveau Master 2 ou équivalent qui travaille pendant au moins trois ans sur un sujet bien précis, écrit des articles, des communications et à la fin une thèse afin de devenir docteur. Plus globalement, il s’agissait de s’offrir un temps de réflexion, en dehors des murs de la classe pour réfléchir à ses souhaits d’orientation.
Nous sommes partis en bus depuis le Lycée puis avons été accueillis dans la salle du cinéma La Turbine à Cran Gevrier.
Guillaume Stahl, directeur de la Turbine Sciences, nous a accueilli de 14h à14h30 pour le lancement départemental de la fête de la science 2024. L’occasion pour l’assistance d’être témoin des traditionnelles allocutions officielles en présence d’Alexandre Mulatier Gachet, Premier adjoint en charge des finances et des grands évènements à la ville d’Annecy, de Yanis Sauty, Maire délégué de Cran Gevrier et de Sylviane Noel, conseillère régionale Auvergne Rhône Alpes et sénatrice de la Haute Savoie. Cette dernière a déploré la baisse significative des effectifs dans les filières scientifiques des lycées depuis la réforme du bac, en particulier chez les filles; affirmant que le pays ne pourrait pas prospérer sans recherche ni maîtrise des stratégies et souhaitant aux élèves présents dans la salle que ce soit le début d’une longue et belle carrière scientifique.
De 14h30 à 16h, cinq doctorants ont eu chacun 7 minutes top chrono pour présenter leurs expériences, leurs parcours et leur quotidien de jeunes chercheurs.
Sont intervenus :
➢ Milena Bisztyga, doctorante en droit international : Le droit à l’eau en droit international et en droits nationaux;
➢ Clément Fraysse, géologue : Evolution morpho-sédimentaire et paléogéographie du bassin d’avant pays des Alpes Occidentales au Pilo-Quaternaire (bassins hydrographiques du Rhône et de l’Isère);
➢ Amber Goyon, géographe et archéologue : Reconstruire l’interface entre terre et mer de la cité étrusque de Populonia (Toscane, Italie) au 1ier millénaire av JC;
➢ Clara Langer : Matérialités marines : métamorphoses et transformations des mondes vivants marins dans les natures mortes néerlandaises du XVII e siècle;
➢ Lia Vermot, géoarchéologue : Les milieux humides dans les réseaux d’occupation de l’Isle Crémieu (Isère) entre la Tène et le haut Moyen Age. La vie du marais sur 2000 ans interprétée grâce à la terre !
La parole a ensuite été donnée aux élèves afin qu’ils puissent poser des questions :
➢ Travaillez vous tous les jours sur votre sujet de thèse ?
Seule Milena n’était pas financée et devait avoir à côté une activité à temps partiel.
Les 4 autres doctorants étaient en CDD de 3 ans. C’est un vrai métier, un vrai travail. Un thésard travaille sur son sujet, participe à des conférences et des séminaires et donne des cours. Il a des vacances, fait du sport et part en week end. Il a la liberté de définir son travail.
➢ N’êtes vous pas lassé de travailler pendant 3 ans sur le même sujet?
Trois ans ça peut aussi être court… il faut savoir s’arrêter. Le quotidien varie : une semaine biblio, une semaine labo, une semaine terrain, une semaine modélisation.
➢ Quelle est votre rémunération ?
Les doctorants en Contrat doctoral unique touchent 1660 euros net chaque mois. Ils sont défrayés de la moitié de leurs transports en commun et leurs déplacements sont pris en charge en partie par les laboratoires. Les cours sont payés environ 40 euros l’heure. Beaucoup enseignent.
➢ A la fin de l’écriture de votre thèse que souhaitez vous faire ?
Continuer dans la recherche : contrat court post doc avant d’être chargé de recherche au CNRS ou enseigner dans le supérieur comme maitre de conférence puis professeur. D’autres emplois spécialisés sont accessibles grâce à une thèse où un niveau pointu est requis. Clara envisage d’être conservatrice dans un musée en Allemagne ou aux Pays Bas puisqu’il n’y a pas de concours dans ces pays là.
L’écriture d’une thèse a double vocation : travail et études.
➢ Une fois la thèse soutenue, que faites vous de vos résultats ?
Il y a déjà une communication régulière des résultats au cours du travail de thèse via des colloques où on rencontre et on construit un réseau de spécialistes. Il y a aussi la publication d’articles scientifiques comme dans Nature. La langue de référence, c’est l’anglais.
➢ Vous sentez vous parfois seul ?
Un doctorant n’est pas seul, il a accès à un réseau d’experts par son encadrant. Il y a aussi une grande entre aide entre thésards. Il participe à des colloques pour rencontrer des spécialistes. Des thèmes pluridisciplinaires nécessitent d’être à plusieurs.
➢ Etiez vous des bons élèves au lycée ?
Les doctorants étaient des bons ou des mauvais élèves. C’est l’intérêt qui les a fait évoluer. Pour réussir une thèse, il faut connaitre son domaine et être capable de mener des recherches. L’obtention d’un contrat doctoral nécessite toutefois d’être bon ! Et donc d’avoir bien travaillé à l’université ou en école. Le mémoire de Master 2 compte beaucoup pour l’obtention du contrat doctoral.
➢ Pouvez vous échouer ?
L’abandon est possible mais assez rare. La difficulté est de terminer l’écriture de sa thèse dans la période de financement. Certains terminent financés par le chômage ou grâce à un contrat d’ATER avec beaucoup d’enseignement. La thèse doit être écrite puis réécrite jusqu’à ce que ce soit suffisant pour être validée par un collège d’experts.
Une visite de l’exposition Illusions à la médiathèque de la Turbine était ensuite proposée mais nous devions reprendre l’autocar. Des tickets d’entrée gratuite ont été offerts aux élèves afin qu’ils puissent y revenir par leur propres moyens sans frais supplémentaires.
Retour au Lycée pour 16h30 avec des jeunes gens contents et ayant été exemplaires comme représentants du Lycée Lachenal.
Merci à mes collègues et à une maman d’élève dévouée pour avoir permis un taux d’encadrement satisfaisant. Merci aux élèves pour leur enthousiasme.
Gwenaelle Rochard, Maths, Lycée Lachenal